Une enquête sur l'E. coli mène à un restaurant en Allemagne

par Brian Rohan

HAMBOURG (Reuters) - Dix-sept personnes seraient tombées malades après avoir pris leur repas dans un restaurant de Lübeck, dans le nord de l'Allemagne, une piste qui pourrait aider à déterminer la source de l'épidémie provoquée par la bactérie E. coli qui a fait 19 morts en Europe.

Des touristes danois et un groupe de responsables allemands des impôts font partie des 17 personnes intoxiquées, rapporte le journal Lübecker Nachrichten.

"Le restaurant n'est pas responsable", estime Werner Solbach, microbiologiste au centre médical universitaire de Shleswig-Holstein. "Cependant la chaîne de livraison des aliments pourrait nous permettre de savoir comment le virus s'est propagé."

Les autorités allemandes ne sont pas encore parvenues à identifier la source exacte de la bactérie qui a d'ores et déjà tué au moins 19 personnes en Europe et intoxiqué plus de 1.700 personnes dans douze pays.

La quasi-majorité des victimes sont des personnes qui résident dans le nord de l'Allemagne ou qui s'y sont récemment rendues au cours de la période d'incubation, soit trois à quatre jours, ou encore qui ont eu un contact avec une personne venue du nord du pays.

Le groupe de responsables des impôts, venus assister à une réunion syndicale, a mangé au restaurant le 13 mai, a dit à Reuters un responsable syndical. Une femme du groupe est morte après avoir contracté l'E. coli.

Selon le Lübecker Nachrichten, les 17 personnes intoxiquées ont toutes mangé dans le restaurant en question entre le 12 et le 14 mai.

La bactérie incriminée produit des shigatoxines pouvant entraîner des manifestations cliniques variées (diarrhée banale ou sanglante) qui peuvent évoluer vers une complication grave: le syndrome hémolytique et urémique (SHU), qui a déjà été diagnostiqué sur plusieurs centaines de patients.

RASSURER LES CONSOMMATEURS

Les autorités sanitaires allemandes déconseillent toujours la consommation de certains produits, légumes et fruits frais dans le nord de l'Allemagne et font état de 199 nouveaux cas de bactéries recensés ces deux derniers jours.

Les autorités sanitaires européennes se sont efforcées de rassurer les consommateurs en rappelant que les risques pouvaient être limités en lavant les légumes et les fruits et en se lavant les mains avant de préparer les repas et de passer à table pour éviter la transmission de la bactérie.

Les scientifiques peinent à identifier l'origine de la souche qui résiste à de nombreux antibiotiques, suscitant l'inquiétude des scientifiques.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la souche n'avait jamais été observée jusqu'ici dans une situation épidémique.

Des cas ont été signalés en Autriche, en République tchèque, au Danemark, en France, aux Pays-Bas, en Norvège, en Espagne, en Suède, en Suisse, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.

DÉDOMMAGEMENTS ?

La chancelière Angela Merkel, qui a mis vendredi en place un groupe de travail sur la question, s'est entretenue avec le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero à propos de l'impact de la crise sur les agriculteurs espagnols.

L'Espagne, dont les concombres avaient été incriminés dans un premier temps, a fait part de son intention de demander des dédommagements à Berlin pour le préjudice subi par ses producteurs de fruits et légumes qui évaluent les pertes à environ 200 millions d'euros par semaine.

Vendredi, le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a déclaré que l'épidémie aurait un impact très négatif sur la production française de légumes.

L'Allemagne n'a pas à dédommager les producteurs de légumes, a estimé samedi l'ambassadeur d'Allemagne en France, Reinhard Schäfers.

"Ce n'est pas à l'Allemagne que cela incombe. Nous sommes victimes d'une épidémie pour le moment, c'est ce qui nous préoccupe", a-t-il déclaré au micro d'Europe 1.

"Regardez la dimension de la catastrophe. Il me semble que c'est plus grave que les pertes pour les producteurs. Chez nous aussi, les ventes de légumes en provenance de l'Allemagne ont chuté également, c'est la même chose pour nos producteurs", a-t-il ajouté.

Marine Pennetier pour le service français

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